• Bon jeudi

    Bon jeudi

     

    Nuit d'été

    Le violon, d'un chant très profond de tristesse,
    Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,
    Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
    Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.

    Le souffle du Veillant anime chaque feuille ;
    Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein ;
    Les oiseaux sont rêveurs ; et sous l'oeil opalin
    De la lune d'été ma Douleur se recueille...

    Lentement, au concert que font sous la ramure
    Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,
    Le luth dans tout mon coeur éveille en parnassien

    La grande majesté de la nuit qui murmure
    Dans les cieux alanguis un ramage lointain,
    Prolongé jusqu'à l'aube, et mourant au Matin.

     

    Emile NELLIGAN   (1879-1941)