• Bientôt la Saint Valentin

    Bientôt la Saint Valentin

     

    L'amour

     

    Vous demandez si l'amour rend heureuse ;
    Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
    Ah ! pour un jour d'existence amoureuse,
    Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour.

    Quand je vivais tendre et craintive amante,
    Avec ses feux je peignais ses douleurs :
    Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs,
    Que cette image en paraît moins charmante.

    Si le sourire, éclair inattendu,
    Brille parfois au milieu de mes larmes,
    C'était l'amour ; c'était lui, mais sans armes ;
    C'était le ciel... qu'avec lui j'ai perdu.

    Sans lui, le coeur est un foyer sans flamme ;
    Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
    J'ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
    Demandez-donc s'il donne le bonheur !

    Vous le saurez : oui, quoi qu'il en puisse être,
    De gré, de force, amour sera le maître ;
    Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
    Vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

    Dès qu'on l'a vu, son absence est affreuse ;
    Dès qu'il revient, on tremble nuit et jour ;
    Souvent enfin la mort est dans l'amour ;
    Et cependant... oui, l'amour rend heureuse !

     

    Marceline Desbordes-Valmore.

    (1786-1859)