• Bonne semaine

     

    Juillet

    Depuis les feux de l'aube aux feux du crépuscule, 
    Le soleil verse à flots ses torrides rayons ; 
    On voit pencher la fleur et jaunir les sillons 
    Voici les jours poudreux de l'âpre canicule.

    Le chant des nids a fait place au chant des grillons ; 
    Un fluide énervant autour de nous circule ; 
    La nature, qui vit dans chaque animalcule,
    Fait frissonner d'émoi tout ce que nous voyons.

    Mais quand le boeuf qui broute à l'ombre des grands chênes
    Se tourne haletant vers les sources prochaines, 
    Quel est donc, dites-vous, ce groupe échevelé

    Qui frappe les échos de ses chansons rieuses ? 
    Hélas ! c'est la saison des vacances joyeuses... 
    Comme il est loin de nous ce beau temps envolé !

     

    Louis-Honoré FRÉCHETTE   (1839-1908)

     


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  • Bientôt, surement beaucoup d'entre vous seront en vacances, donc une petite créa pour l'occasion

     

     

    Vive les vacances

     

     

     

     

    Évasion

     

    Et je serai face à la mer
    qui viendra baigner les galets.
    Caresses d’eau, de vent et d’air.
    Et de lumière. D’immensité.
    Et en moi sera le désert.
    N’y entrera que ciel léger.

    Et je serai face à la mer
    qui viendra battre les rochers.
    Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
    Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
    Et en moi sera le désert.
    N’y entrera ciel tourmenté.

    Et je serai face à la mer,
    statue de chair et coeur de bois.
    Et me ferai désert en moi.
    Qu’importera l’heure. Sombre ou claire…

     

    Esther Granek, De la pensée aux mots - 1997

     

     

     

     


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  • Bon vendredi

     

    L'Été

    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.
    Il brûle tout, hommes et choses,
    Dans sa placide cruauté.

    Il met le désir effronté
    Sur les jeunes lèvres décloses ;
    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.

    Roi superbe, il plane irrité
    Dans des splendeurs d'apothéoses
    Sur les horizons grandioses ;
    Fauve dans la blanche clarté,
    Il brille, le sauvage Été.

     

    Théodore de BANVILLE   (1823-1891)


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  • Bon jeudi

     

    Nuit d'été

    Le violon, d'un chant très profond de tristesse,
    Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,
    Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
    Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.

    Le souffle du Veillant anime chaque feuille ;
    Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein ;
    Les oiseaux sont rêveurs ; et sous l'oeil opalin
    De la lune d'été ma Douleur se recueille...

    Lentement, au concert que font sous la ramure
    Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,
    Le luth dans tout mon coeur éveille en parnassien

    La grande majesté de la nuit qui murmure
    Dans les cieux alanguis un ramage lointain,
    Prolongé jusqu'à l'aube, et mourant au Matin.

     

    Emile NELLIGAN   (1879-1941)

     


  • Bon mercredi

     

    Le poète s'en va dans les champs

    Le poète s'en va dans les champs ; il admire,
    Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
    Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
    Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
    Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
    Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,
    Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,
    De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
    Et, familièrement, car cela sied aux belles :
    - Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
    Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix,
    Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
    Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
    Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
    L'orme au branchage noir, de mousse appesanti,
    Comme les ulémas quand paraît le muphti,
    Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre
    Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,
    Contemplent de son front la sereine lueur,
    Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !

     

    Victor Hugo


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